mardi 29 décembre 2009

Fernando Savater, Choisir, la liberté (2003)

Fernando Savater, né en 1947 à San Sebastiàn dans le pays basque espagnol, est professeur de philosophie à l'Université de Madrid. À titre d'essayiste et polémiste, il réfléchit principalement sur des questions d'ordre éthiques, sociales et politiques. Il s'est notamment mis à dos le mouvement terroriste ETA par ses prises de position contre la violence comme solution au problème de l'indépendance du pays basque.

Choisir, la liberté propose une réflexion remarquable sur le problème de la liberté humaine. L'auteur y défend la thèse selon laquelle la liberté est ce qui distingue de façon spécifique l'homme des animaux ; que l'homme est libre par essence. Afin de relier efficacement ce concept éminemment abstrait à notre expérience concrète, Savater avance la question du choix. Le choix est selon lui l'expression concrète de notre liberté. Le choix distingue ce qui est volontaire de ce qui ne l'est pas. Il distingue ce qui est le fruit du hasard de ce qui est l'effet d'une intention.

(À suivre)

mardi 15 décembre 2009

Ferdando Savater défend la vérité

«Il est fort probable que le dédain postmoderne envers le sens traditionnel de la vérité (c'est-à-dire de la vérité comprise comme une concordance entre nos affirmations et les événements du monde extérieur) ne soit en partie que les jérémiades de ces subjectivités ambitieuses qui ne se résignent pas à avoir moins d'ascendant social que celui que l'on concède aux résultats objectifs de la recherche scientifique.»

Fernando Savater, Choisir, la liberté, Calmann-Lévy, 2003, p. 129.

lundi 14 décembre 2009

Introduction au modèle pragma-dialectique

Le modèle pragma-dialectique est une théorie de l'argumentation située à l'intersection des théories purement empiriques de l'argumentation et des nouveaux systèmes de logiques dialectiques hérités des travaux de Lorenzen, Hintikka, Barth & Krabbe. En pariant sur l'interdisciplinarité, les auteurs Van Eemeren et Grootendorst croient pouvoir mettre au point un modèle normatif de la discussion critique ayant pour but la résolution des conflits d'opinion. Ce modèle idéal divise et structure la discussion critique en 4 étapes : la confrontation, l'ouverture, l'argumentation et la conclusion. Il impose aussi 15 règles régissant l'usage des actes de langage permis lors de ces différentes étapes. Comme on ne peut pas espérer que les argumentateurs se plient consciemment à ces règles lors de discussions effectives, une large partie du travail du théoricien est l'analyse et la reconstruction des discussions en vue de leur évaluation par rapport au modèle théorique. Le rôle de l'analyse est de rendre explicite les éléments implicites du discours. Elle vise une externalisation complète du discours. La reconstruction quant à elle a pour objectif l'ordonnance des parties de la discussion selon les étapes édictées par le modèle. Finalement, le modèle pragma-dialectique propose une redéfinition des sophismes. Il part du problème posé par Hamblin (1979), pose les raisonnements fallacieux dans leur cadre originel : le dialogue et les définit comme toute violation des règles de la discussion telles qu'édictées par le modèle pragma-dialectique.

jeudi 3 décembre 2009

Lecture I : How to do things with words ( J.L. Austin )

J.L. Austin, How to do things with words, Cambridge, Harvard University Press,
1962.

The William James Lectures delivered at Harvard University in 1955

Série de 12 conférences (lectures)

Lecture I

Austin propose une nouvelle classification des énoncés du langage ordinaire et met de l’avant une nouvelle catégorie : les énoncés performatifs. Ces énoncés sont compris comme des «actes de langage». C’est-à-dire qu’ils agissent sur le monde au même titre que des actes physiques. Ces énoncés, lorsque prononcés dans un contexte approprié, ne décrivent pas une situation mais modifient l’état des choses au lieu de demeurer simplement descriptif comme le voulait la tradition philosophique. —En effet, jusqu’alors on concevait la fonction de l’énoncé comme référant à ou décrivant un certain état de fait.– Ils ne décrivent pas une situation mais agissent plutôt sur la situation. Par exemple, l’état civil d’un homme et d’une femme sera modifié par le prêtre qui prononce ces mots : «Je vous déclare maintenant mari et femme». Il en va de même pour le capitaine des pirates qui envoie ses hommes prendre possession d’un navire en prononçant ces mots : «À l’abordage !». Idem pour le juge qui envoie un homme à l’échafaud en disant : «Je vous condamne à la peine capitale».

Le combat des philosophes, depuis Kant, contre la métaphysique serait donc réductible à un piège tissé par le langage. En effet, on définit ordinairement le concept d’«énoncé» comme l’expression verbale d’un jugement portant sur le monde. L’énoncé est une façon de décrire une situation ou un état de fait. Il peut être vrai ou faux ; dépendamment si ce qu’il décrit est ainsi ou pas. Or, le langage philosophique comporte essentiellement des termes n’ayant pas de corrélat sensible immédiatement vérifiable. Les philosophes, à la suite du mouvement néopositiviste, ne pouvaient entendre parler de bien, d’universel ou de devoir être sans être frappés de perplexité et discréditer des tels énoncés comme des pseudo-énoncés.

Avant d’introduire la description des énoncés performatifs, Austin propose de rebaptiser les énoncés ayant pour fonction la description d’états de fait d'énoncés constatifs. En effet, les constatifs sont des énoncés qui n’ont pas uniquement pour but de décrire le réel mais aussi d’indiquer les circonstances dans lesquels l’énoncé est fait. L’ajout de ces modulateurs d’assertion, que ce soit des opérateurs de modalité («Il est possible que ...», «il est nécessaire que ...»)ou des attitudes propositionnelles («Je doute que ...»), permet d’enrichir notre usage du langage descriptif tout en nous gardant de tomber dans le piège du langage.

(à suivre)

Argumentation et philosophie

L'argumentation est un combat. Un combat où les protagonistes échangent des paroles en lieu de coup. Il y a donc une force dans les mots. Une telle force qui permet aux clans adverses de s'opposer sans perdre la vie ni même perdre la face. En fait, les deux clans profiteront de la victoire. Le vainqueur sera rassuré de posséder la raison pour justifier sa thèse. Le vaincu sera un peu moins ignorant ... N'est-ce donc pas que ceci, faire de la philosophie, que de présenter sa vérité à tous et la défendre contre la critique afin de savoir si elle en est une ou si elle n'est qu'une vaine apparence. N'est-ce pas qu'être philosophe que de reconnaître la puissance de la raison comme arbitre du combat et reconnaître aussi la puissance des mots. Une puissance qui dépasse la simple description de ce qui est mais qui agit sur ce qui est.