jeudi 3 décembre 2009

Lecture I : How to do things with words ( J.L. Austin )

J.L. Austin, How to do things with words, Cambridge, Harvard University Press,
1962.

The William James Lectures delivered at Harvard University in 1955

Série de 12 conférences (lectures)

Lecture I

Austin propose une nouvelle classification des énoncés du langage ordinaire et met de l’avant une nouvelle catégorie : les énoncés performatifs. Ces énoncés sont compris comme des «actes de langage». C’est-à-dire qu’ils agissent sur le monde au même titre que des actes physiques. Ces énoncés, lorsque prononcés dans un contexte approprié, ne décrivent pas une situation mais modifient l’état des choses au lieu de demeurer simplement descriptif comme le voulait la tradition philosophique. —En effet, jusqu’alors on concevait la fonction de l’énoncé comme référant à ou décrivant un certain état de fait.– Ils ne décrivent pas une situation mais agissent plutôt sur la situation. Par exemple, l’état civil d’un homme et d’une femme sera modifié par le prêtre qui prononce ces mots : «Je vous déclare maintenant mari et femme». Il en va de même pour le capitaine des pirates qui envoie ses hommes prendre possession d’un navire en prononçant ces mots : «À l’abordage !». Idem pour le juge qui envoie un homme à l’échafaud en disant : «Je vous condamne à la peine capitale».

Le combat des philosophes, depuis Kant, contre la métaphysique serait donc réductible à un piège tissé par le langage. En effet, on définit ordinairement le concept d’«énoncé» comme l’expression verbale d’un jugement portant sur le monde. L’énoncé est une façon de décrire une situation ou un état de fait. Il peut être vrai ou faux ; dépendamment si ce qu’il décrit est ainsi ou pas. Or, le langage philosophique comporte essentiellement des termes n’ayant pas de corrélat sensible immédiatement vérifiable. Les philosophes, à la suite du mouvement néopositiviste, ne pouvaient entendre parler de bien, d’universel ou de devoir être sans être frappés de perplexité et discréditer des tels énoncés comme des pseudo-énoncés.

Avant d’introduire la description des énoncés performatifs, Austin propose de rebaptiser les énoncés ayant pour fonction la description d’états de fait d'énoncés constatifs. En effet, les constatifs sont des énoncés qui n’ont pas uniquement pour but de décrire le réel mais aussi d’indiquer les circonstances dans lesquels l’énoncé est fait. L’ajout de ces modulateurs d’assertion, que ce soit des opérateurs de modalité («Il est possible que ...», «il est nécessaire que ...»)ou des attitudes propositionnelles («Je doute que ...»), permet d’enrichir notre usage du langage descriptif tout en nous gardant de tomber dans le piège du langage.

(à suivre)

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